En effet, avec plus de 5,4 millions de chômeurs, le plan d’urgence pour l’emploi était fortement attendu et des réorientations de la politique en cours espérées.
L’ensemble des annonces faites par le Président de la République suscitent sur certains points réserves et inquiétudes. Il ne faudrait pas que le plan envisagé aboutisse à des stages parking ou à un traitement statistique du chômage.
Pour la FSU, il n’existe pas de mesures miracles, comme l’apprentissage ou la formation des chômeurs, à même de résoudre, seules, à court terme le drame social numéro un que représente le chômage de masse. C’est un ensemble de mesures, en rupture avec les politiques menées depuis plusieurs années, qu’il faut mettre en œuvre.
C’est pourquoi la FSU revendique l’organisation d’une conférence sociale et nationale d’urgence pour l’emploi afin de rassembler tous les acteurs, y compris les organisations de chômeurs.
Avant d’ouvrir une fois de plus des primes à l’embauche ou des exonérations fiscales pour les employeurs, il serait bon de tirer le bilan des différentes mesures financières multipliées depuis ces dernières années (CICE, Pacte de responsabilité…) au profit du patronat et de la réalité des emplois créés en contrepartie.
La FSU propose qu’un « Conseil de l’audit des exonérations patronales » soit mis en place avec la participation des organisations syndicales et des associations concernées.
Si un plan de formation des chômeurs, particulièrement pour ceux de longue durée, est nécessaire, il doit aller au-delà des durées proposées et ouvrir un droit à 1607 heures par an, de formation rémunérée, permettant d’aboutir à des formations diplômantes ou qualifiantes. Il est urgent de revaloriser et consolider le service public de la formation professionnelle initiale et continue, ses formations et ses diplômes.
Tout plan d’urgence pour l’emploi doit renforcer les différents organismes composant le service public de l’emploi et celui de la formation continue. Les GRETA et l’AFPA doivent être un outil majeur du plan de formation des chômeurs. Les services de l’inspection du Travail doivent eux aussi avoir les moyens de jouer leur rôle.
Pôle emploi doit suspendre sans délai la mesure fermant les agences tous les après-midi et ne pas rendre obligatoire le recours à l’inscription par internet. Ses missions et son action nationale doivent se concentrer sur l’accompagnement des chômeurs et des entreprises, ses effectifs développés en conséquence.
Quant au plan apprentissage, avant d’augmenter encore le nombre d’apprentis, il faut tirer un bilan de ce dispositif notamment à un moment où le nombre d’apprentis diminue… Il est déjà nécessaire de renforcer les protections des apprenti-e-s, d’augmenter leurs rémunérations et d’améliorer de façon qualitative ce système de formation. La FSU rappelle le rôle primordial de la formation initiale qui constitue encore un rempart efficace contre le chômage des jeunes. Et pour la FSU, il va de soi que l’annonce de 1000 postes supplémentaires pour l’enseignement professionnel vient s’ajouter aux créations déjà prévues.
La FSU est particulièrement inquiète des annonces élargissant les compétences des régions. L’attribution d’une compétence générale « emploi » aux régions risque en effet d’aggraver les inégalités sociales et territoriales et de déstabiliser le service public de l’emploi.
Au contraire des annonces présidentielles sur la renégociation de la convention UNEDIC, la FSU revendique l’extension des droits des demandeurs d’emploi, notamment par la création d’un fonds social géré par Pôle emploi pour répondre aux besoins sociaux urgents des chômeurs et la création d’une allocation exceptionnelle de crise pour tous les chômeurs en fin de droits.
La FSU est opposée à toute mesure allant dans le sens de nouveaux affaiblissements du Code du Travail. Elle sera particulièrement vigilante lors de l’élaboration du prochain projet de loi « travail ».
Si des plans de formation et l’accompagnement des chômeurs sont des outils nécessaires, une « société du travail » nécessite aussi des créations d’emplois de qualité dans le secteur privé comme dans le secteur public. C’est essentiel pour chacun et chacune et pour la cohésion et la justice sociale du pays. Cela exige de repenser notre modèle économique et social tout en assurant la transition écologique.